Justine Legault - Beauties Lab

Justine Legault

Quand elle est entrée dans le restaurant, on aurait dit que la pluie s'est gardé une p'tite gêne et que le soleil est enfin sorti. Justine a cette énergie spéciale, cette lumière en elle. Tout le monde la regardait du coin de l'oeil et je sais très bien ce qu'ils se disaient : mais quelle femme!!!

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

"Mannequin Québécoise taille plus qui vie à Los Angeles et représentée par l'agence Muse."

Ce serait l'étiquette facile pour Justine, parce qu'on dirait que #lesgens aiment bien étiquetter #lesgens. J'aimerais me permettre d'ajouter : féministe, pétillante, intelligente, curieuse et ambitieuse. Je me suis entretenue avec elle au restaurant Venice, le temps d'un café, le temps que la pluie arrête complètement. C'est pas la température qui l'a empêché d'enfiler et d'assumer entièrement une paire de botillons Modern Vice rose nanane avec Chic Shit écrit en noir. "L.A te donne automatiquement l'envie de porter ce que tu veux, quand tu le veux. À Montréal, on dirait qu'on hésite, on se tone down, on a peur de déranger le voisin."

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

À propos de son parcours

Justine a grandi sur la Rive-Nord de Montréal, dans une famille bien groundée, zéro glamour.  Son Cégep, elle l'a fait en cinéma avant de commencer à faire ses preuves comme maquilleuse. (Ah bin, ça me rappelle quelque chose!) C'est sur un plateau qu'elle s'est faite repérer comme "mannequin taille plus". Je lui ai demandée ce qu'elle pensait faire de sa vie avant qu'on lui propose cette opportunité : "Je pensais faire carrière derrière la caméra, soit comme réalisatrice, photographe ou auteure. Des mannequins taille plus, il y en avait vraiment moins à ce moment-là (2006), donc ce n'est pas quelque chose qui m'avait traversé l'esprit. J'ai été chanceuse car j'étais une des seules Québécoises taille plus à se faire engager par des compagnies américaines, donc à travailler à distance." Pour se faire représenter par une agence américaine et obtenir un visa de travail, elle devait faire plusieurs photoshoot afin d'accumuler des "crédits". Mais au lieu d'attendre que ça tombe du ciel, elle et son agence de Montréal - Sylvie Beaulac- ont foncé et proposé des photoshoot à des magazines et des photographes Québécois, comme Geneviève Charbonneau.

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

 Les choses qui lui font peur se transforment en défis qu'elle relève avec plaisir. Je lui ai dit que c'était peut-être par peur de regretter quelque chose (je sais c'est quoi, je suis pareil!). "Oui, c'est exactement ça! Et j'aime me sortir de ma zone de confort!"  C'est comme ça, du jour au lendemain, qu'elle a déménagé à New York car une agence lui a offert de la représenter si elle quittait Montréal.

À propos de la "catégorie taille plus".


 Si on utilise taille plus comme nom de catégorie, comment on appelle les autres? Des tailles normales?

"Haha! Oui, j'ai entendu toutes sortes de choses. Taille normales, tailles régulières... Et la taille moyenne dite normale, en Amérique, est maintenant une taille 14 donc ce terme est désuet. Et qu'est-ce qu'une taille normale?"

 

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

C'est la question qu'on se pose. Est-ce qu'il y a une différence entre la façon dont les photographes travaillent avec des tailles plus et des tailles "régulières"? "Eh bien, au début, j'avais l'impression qu'on devait mettre les bouchées doubles pour prouver à tout le monde dans le studio qu'on était aussi intéressantes à shooter que les autres. J'ai senti, à quelques reprises, que les photographes nous prenait en photo parce qu'ils n'avaient pas le choix d'inclure des tailles plus pour la business mais qu'au fond, ça ne les intéressait pas vraiment."

Mais Justine, elle a une belle force de caractère car depuis qu'elle est toute petite, elle a toujours senti qu'elle devait se prouver, faire ressortir sa personnalité pour que ça prenne le dessus sur son apparence physique. En studio, elle s'est donnée comme mission personnelle, sans trop s'en rendre compte, de casser le pattern rapidement : sur chaque séance photo, elle arrivait avec le package complet. Bien préparée, avec une super attitude et son énergie rayonnante qui se doit d'être connue. Un à un, elle les a conquis. Les photographes se sont intéressés à elle, autant qu'aux autres modèles. Même plus. En résumé, une belle personnalité remporte toutes les batailles. Je ne pourrais pas être plus d'accord. 

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

En agissant de la sorte, Justine et ses acolytes ont ramené un côté plus humain dans l'industrie de la mode. "Comme tous les mannequins, nous prenons nos mensurations mais on ne s'intéresse pas juste ça. On nous engage surtout pour notre image globale. C'est important comme dans les années 90, avec les mannequins mythiques comme Claudia Schiffer et Linda Evangelista. Il faut être photogénique ET avoir une personnalité qui attire l'attention."

Dans les médias et la publicité, on a beaucoup associé les courbes au sexe. Avec des titres et des slogans comme "curves are better", "curvy is the new sexy", les mannequins taille plus se font majoritairement demander de jouer la carte du sexyness devant la caméra.  J'ai demandé à Justine ce qu'elle préférait faire comme séance photo. "Je me suis découvert un petit côté actrice! J'aime jouer un personnage, j'aime les photoshoot créatifs. J'ai toujours été attirée vers les éditoriaux cool, edgy, sensuels ou naturel, plus que sexuel. 

"Une belle personne, c'est simplement quelqu'un qui se présente bien donc qui a confiance en elle et qui a une belle personnalité. On se fou de la couleur, de la grandeur et des mensurations de la personne. C'est beau la diversité! Je crois que la récente ascension des mannequins au look atypique (taille plus, androgyne, diverses ethnies) le prouve, même si rien n'est parfait."

À propos de New York City

New York l'a faite grandir, l'a endurcie, lui a apprise a mettre ses limites, à s'affirmer, s'assumer et à prendre sa place. "Mais des fois, New York peut te monter à la tête. Quand je sens que mon côté endurcie devient un peu trop intense, j'aime revenir à Montréal pour me grounder, m'assurer de rester la même et me rappeler le côté plus chaleureux et humain. Tu vois, ce qu'on fait en ce moment, prendre le temps de se rencontrer pour se parler, c'est plus difficile à New York. Tout va trop vite et tout le monde a un horaire hyper chargé!" 

  • Justine demeure aujourd’hui à Los Angeles.

"La seule chose qui me donne le vertige, c'est porter des talons hauts." - Justine Legault

CRÉDIT PHOTO : BIANCA IASENZANIRO DE CHEZ SHOOT STUDIO.

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